Le 22 août, les dirigeants environnementaux internationaux se sont réunis à Vancouver, au Canada, pour l'ouverture de la 7e Assemblée du Fonds pour l'environnement mondial (FEM)Tous les quatre ans, l'Assemblée du FEM se réunit pour coordonner les financements nécessaires pour répondre aux préoccupations environnementales urgentes, notamment le changement climatique, la perte de biodiversité, la dégradation des terres et la pollution. L'UICN est une agence d'exécution accréditée du FEM et son portefeuille de financements continue de croître.
Photo : Ali Rizvi Raza
Cette année, une délégation de l'UICN dirigée par la directrice par intérim, le Dr Grethel Aguilar, a organisé un événement parallèle mettant en valeur la croissance Partenariat ENACTENACT a été lancé en décembre 2022 lors de la COP 27 de la CCNUCC – fruit d'une collaboration entre la présidence égyptienne de la COP, le gouvernement allemand et l'UICN. Ce partenariat a permis de bâtir un réseau mondial d'acteurs étatiques et non étatiques engagés dans la promotion de solutions fondées sur la nature de haute intégrité pour la biodiversité et le climat.
Ouvrant l'événement parallèle, M. Ali Raza Rizvi, directeur du Bureau de l'UICN Unité des changements climatiques, a souligné la nécessité de répondre aux crises liées au changement climatique, à la perte de biodiversité et à la dégradation des terres et des écosystèmes par une approche intégrée. M. Rizvi a souligné l'ambition d'ENACT d'accélérer les efforts internationaux collectifs pour exploiter les solutions fondées sur la nature de haute intégrité comme cadre clé. M. Rizvi a souligné que le plaidoyer du partenariat ENACT en faveur de solutions fondées sur la nature de haute intégrité (SfN) souligne que les SfN ne peuvent pas servir de substitut à la transition urgente vers l'abandon des combustibles fossiles. De plus, la mise en œuvre des SfN devrait englober la participation et l'approbation complètes des peuples autochtones et intégrer une conception sensible au genre.
Les objectifs NbS d’ENACT sont les suivants :
- Améliorer la protection et la résilience d’au moins 1 milliard de personnes vulnérables.
- Sécuriser jusqu’à 2,4 milliards d’hectares d’écosystèmes naturels sains.
- Augmenter considérablement l’atténuation mondiale en préservant et en restaurant les écosystèmes terrestres, d’eau douce et marins riches en carbone.
Cet événement parallèle a servi de plateforme pour le lancement de la campagne ENACT-ing a Billion. Cette campagne vise à accélérer la réalisation des objectifs ENACT grâce à une approche tripartite :
- Améliorer la sensibilisation du public aux solutions fondées sur la nature (SfN) à haute intégrité.
- Mise en place d’un mécanisme de cofinancement stratégique par le biais de subventions.
- Fournir des conseils sectoriels spécifiques sur la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature à haute intégrité.
Après avoir présenté la campagne ENACT-ing a Billion, M. Rizvi a souligné le potentiel du mécanisme de subvention de la campagne pour favoriser l'expansion du secteur des solutions fondées sur la nature. Grâce à un cofinancement judicieux, ce mécanisme permettra de concrétiser les différents axes de travail d'ENACT, contribuant ainsi considérablement à la réalisation de ses objectifs primordiaux.
Dans la continuité de l'allocution de M. Rizvi, M. Kerry Max, conseiller spécial à Affaires mondiales Canada, a donné un aperçu des efforts déployés par le Canada pour intégrer les mesures liées au climat et à la biodiversité. M. Max a expliqué comment le Canada, en tant que partenaire fondateur, entend respecter son engagement envers ENACT en soutenant des solutions fondées sur la nature pour lutter contre les changements climatiques qui intègrent l'égalité des genres et la biodiversité. À titre d'illustration, M. Max a présenté le projet NABSA (NbS for Climate Adaptation: Monitoring and Impact), un partenariat de quatre ans avec l'UICN visant à soutenir les projets de lutte contre les changements climatiques positifs pour la nature financés par le Canada. M. Max a ajouté que NABSA est notre façon, à nous, le Canada et l'UICN, d'apprendre ensemble et de nous améliorer dans la mise en œuvre de NbS inclusives en matière de genre et de renforcement de la biodiversité, qui répondent aux objectifs des pays en développement en matière de changements climatiques.
Après la présentation de M. Max, le Directeur par intérim de l'UICN, le Dr Aguilar, a entamé une table ronde en engageant les intervenants réunis sur les lacunes urgentes dans les efforts mondiaux de lutte contre la perte de biodiversité et le changement climatique.
Mme Elizabeth Mrema, Sous-Secrétaire générale des Nations Unies et Directrice exécutive adjointe du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a souligné que la convergence des communautés des SfN et de la biodiversité prenait un temps considérable, ce qui entraînait des réponses insuffisamment intégrées.
Mme Lori Kerr, directrice générale de FinDev Canada, a souligné l'importance de combler le déficit de financement des solutions fondées sur la nature. Elle a identifié les principaux facteurs contribuant à ce déficit, notamment le manque d'information et l'absence d'environnements propices et d'harmonisation des politiques pour une action écosystémique essentielle.
M. Tamer Abou Gharara, conseiller du ministre de l'Environnement de la République arabe d'Égypte, a souligné l'impératif d'adopter une approche inclusive et holistique englobant toutes les parties prenantes, y compris les peuples autochtones et le secteur privé. M. Abou Gharara a également plaidé pour que cette approche s'accompagne d'un financement accru, de mécanismes de suivi et d'évaluation efficaces, et d'un meilleur accès à l'information locale afin de trouver des solutions optimales.
Dr Christiane Paulus, directrice générale de la Direction de la conservation de la nature en Allemagne, a souligné l'importance d'éviter toute comparaison entre les crises et de reconnaître que la crise de la biodiversité existerait indépendamment de la crise du changement climatique, en raison du caractère non durable des modèles économiques dominants. Dr Paulus a identifié plusieurs défis, notamment un manque de compréhension de la complexité des questions de biodiversité.
Par la suite, le Dr Aguilar a demandé aux panélistes comment le partenariat ENACT soutiendrait la mise en œuvre des SfN au niveau national.
Concernant l'Égypte, M. Abou Gharara a expliqué que les impacts du changement climatique se font sentir de la même manière dans de nombreux autres pays, notamment en ce qui concerne les problèmes de santé et les phénomènes météorologiques extrêmes. La valeur ajoutée d'ENACT réside dans son rôle de partage de solutions et de communication d'états d'avancement, favorisant des efforts de coopération qui vont au-delà de la simple reproduction des bonnes pratiques, et mettant l'accent sur la collaboration Nord-Sud et Sud-Sud pour une action plus collective.
Pour l'Allemagne, le Dr Paulus a expliqué que les solutions fondées sur la nature (SfN) dans le cadre du partenariat ENACT sont essentielles pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris et garantir la durabilité de la biodiversité. Il est reconnu que les SfN complètent non seulement les réductions des émissions de combustibles fossiles et de gaz à effet de serre, mais offrent également des applications plus larges. Parmi les défis en Allemagne figure la concurrence foncière entre les SfN et les projets énergétiques, notamment en matière de restauration des tourbières et de production d'énergie. L'une des aspirations fondamentales de l'Allemagne est d'établir un profil ENACT solide pour la COP28.
Mme Mrema a révélé que les conclusions des consultations de l'UNEA sur les solutions fondées sur la nature dans le contexte de la perte de biodiversité soulignent la nature multiforme de ces solutions, qui vont au-delà du changement climatique et de la biodiversité pour englober des domaines tels que la sécurité alimentaire, la sécurité hydrique, la santé et l'emploi. Améliorer la coordination interne entre les ministères demeure un défi, et l'adoption d'une structure ministérielle combinée pour le changement climatique et la biodiversité afin de renforcer les synergies est suggérée. ENACT est prêt à soutenir la coordination des solutions fondées sur la nature en sensibilisant, en renforçant les capacités et en associant ses membres à des consultations avant d'entamer la phase de mise en œuvre.
Mme Kerr a souligné l'importance de l'intersectionnalité, reliant la biodiversité à des aspects cruciaux tels que la sécurité alimentaire et le genre, en illustrant notamment des projets notables comme Dampur, une entreprise agricole péruvienne dirigée par des femmes. La valeur d'ENACT s'étend au secteur privé, en ciblant les asymétries d'information et en encourageant les entreprises privées à s'engager dans des initiatives respectueuses de la biodiversité.
Avant de clôturer l'événement, le Dr Augilar a demandé aux intervenants quelles actions ENACT devrait prioriser. Les points soulevés comprenaient l'adoption d'une approche centrale visant à sensibiliser et à renforcer les capacités des donateurs, en clarifiant les distinctions entre ce qui constitue des solutions fondées sur la nature (SFN) et ce qui n'en constitue pas. Cet effort s'étend à l'incitation des gestionnaires de fonds à reconnaître les contributions des SFN à la fois à l'Accord de Paris et aux objectifs environnementaux plus larges. Un autre objectif crucial présenté était de soutenir la formulation d'options d'investissement et de pipelines de projets pour les initiatives SFN, tout en plaidant pour une intégration de la nature à l'action climatique. Un autre point de vue a porté sur l'impératif d'obtenir des financements pour les projets SFN auprès de sources diverses, au-delà du secteur public. Par ailleurs, il est nécessaire de s'attaquer au caractère isolé des initiatives en faveur de la biodiversité, en rompant avec les approches cloisonnées. Dans ce contexte, ENACT a été présenté comme un partenariat essentiel pour encourager la fourniture de conseils complets afin de soutenir ces efforts.